Les provisions

Comptabilité
Fiche pratique

Les règles de la comptabilité invitent à enregistrer l’impact des évènements dans l’entreprise au moment de leur naissance sans tenir compte du flux de trésorerie s’y rattachant. Pour tenir compte de risques nés en année N mais dont la survenance interviendra les années suivantes, il est nécessaire d’utiliser des comptes de provision.

Accès à votre contenu
même hors ligne

Télécharger maintenant

Les provisions dans les comptes annuels d’une entreprise

Les provisions sont constituées d’un passif certain ou probable, mais dont l'échéance ou le montant ne sont pas fixés de façon précise. Elles sont destinées à couvrir des risques et des charges que des évènements, survenus ou en cours, rendent probables, nettement précisées quant à leur objet, mais dont la réalisation est incertaine. On y recense par exemple, les litiges en cours à la date du bilan, comme le litige prud’homal avec un ex-salarié ou le litige commercial, les provisions pour grosses réparations (révision quinquennale d’installation etc.).

Le passif du bilan consacre une partie pour les provisions. Elles se situent entre les capitaux propres et les dettes :

PASSIF

CAPITAUX PROPRES

Capital social

Réserves

Etc.

PROVISIONS

Provisions pour risques

Provisions pour charges

X

X

DETTES

Emprunts auprès d’établissements bancaires

Dettes fournisseurs

Etc.

TOTAL PASSIF

Deux types de provisions

Le plan de comptes du Plan comptable général (PCG) distingue deux catégories de provisions. Toutes sont regroupées dans les comptes « 15 – Provisions » :

  • Les provisions pour risques, enregistrées dans une subdivision du compte « 151 ». On y retrouvera les passifs liés à des litiges (prud’hommes, litige commercial)
  • Les provisions pour charges, que l’on retrouvera dans les autres comptes composant le compte « 15 ». On y recense entre autres la provision pour les futures indemnités de départs à la retraite (non admise fiscalement).

De la naissance de la provision à son extinction

La naissance d’une provision engendrera une charge de dotation aux provisions. Selon la nature du passif, on retrouvera cet impact au résultat d’exploitation (compte 6815), au résultat financier (6865) ou au résultat exceptionnel (6875).

Date

Compte

Intitulé compte

Débit

Crédit

31/12/N

6815

Ou 6865

Ou 6875

Dotations aux amortissements, aux dépréciations et aux provisions

X

15

Provisions

X

Dotation aux provisions

Les passifs sont à évaluer à chaque fin d’exercice comptable. Ainsi, les provisions sur les litiges en cours doivent être révisées et les indemnités réévaluées, ce qui conduit aux ajustements suivants :

  • Si on constate une augmentation du passif, une nouvelle charge de dotation sera enregistrée ;
  • Si au contraire, le passif a diminué ou est éteint, alors la provision sera réduite ou annulée par l’enregistrement d’un produit. Cette reprise de provision viendra s’enregistrer selon la même nature que l’origine de la charge : résultat d’exploitation (compte 7815), résultat financier (compte 7865) ou résultat exceptionnel (compte 7875). Tel est le cas si l’évènement a eu lieu au cours de l’exercice, comme un jugement rendu d’une cour de justice sans appel ultérieur (tribunal judiciaire, prud’hommes, etc.) ou la réalisation de gros travaux. La provision n’ayant plus lieu d’exister sera annulée. Le produit couvrira alors la charge liée à la résolution du passif (versement d’une indemnité à l’ex-salarié, facture d’achat de réalisation des gros travaux, etc.).

Notons que les litiges pour lesquels l’entreprise est dans l’attente de remporter le procès ne sont pas enregistrés en comptabilité selon le principe de prudence qui veut que l’on constate les pertes et moins-values à venir contrairement aux gains et plus-values futures.

COMPTE DE RÉSULTAT

 

Montant

PRODUITS D’EXPLOITATION

Chiffre d’affaires net

[…]

Reprise de dépréciations

Etc.

X

TOTAL PRODUITS D’EXPLOITATION

A

CHARGES D’EXPLOITATION

Achats de marchandises

[…]

Dotations aux amortissements et dépréciations

Etc.

X

TOTAL CHARGES D’EXPLOITATION

B

RÉSULTAT D’EXPLOITATION

A – B

Charges financières

Produits financiers

X

X

R֤ÉSULTAT FINANCIER

 

Charges financières

Produits financiers

X

RÉSULTAT EXCEPTIONNEL

 

RÉSULTAT NET

 

Exemple : une assignation aux prud’hommes par un salarié licencié

L’entreprise ALPHA a licencié un salarié en mai de l’exercice N. S’estimant lésé, il saisit le conseil des prud’hommes.

À la date de clôture, le 31 décembre N, le procès ne s’est pas encore tenu. L’avocat en charge de l’affaire et représentant l’entreprise estime le risque de versement d’une indemnité à 20.000 €.

Date

Compte

Intitulé compte

Débit

Crédit

31/12/N

6815

Dotations aux amortissements, aux dépréciations et aux provisions

20.000

151

Provisions pour risques

20.000

Dotation aux provisions litige Prud’hommes

L’année suivante, le procès ne s’est toujours pas tenu. L’avocat estime le versement de l’indemnité à hauteur de 15.000 €. Le passif diminue, la provision sera réduite par l’enregistrement d’un produit :

Date

Compte

Intitulé compte

Débit

Crédit

31/12/N+1

151

Provisions pour risques

5.000

7815

Reprises sur provisions d’exploitation

5.000

Reprise de provisions litige Prud’hommes

Extrait du grand livre du compte 151 – Provisions pour risques

Date

Libellé

Débit

Crédit

01/01/N+1

Solde à nouveau (solde fin N)

20 000

31/12/N+1

Reprise

5 000

 

Solde au 31/12/N+1

 

15 000

En juin N+2, le tribunal condamne l’entreprise à verser une indemnité de 18.000 € à l’ancien salarié. Les parties ne feront pas appel de ce jugement. Le litige étant résolu, la provision n’a plus lieu d’exister, elle doit être reprise :

Date

Compte

Intitulé compte

Débit

Crédit

31/12/N+2

151

Provisions pour risques

15.000

7815

Reprises sur provisions d’exploitation

15.000

Reprise de provisions litige Prud’hommes

Extrait du grand livre du compte 151 – Provisions pour risques

Date

Libellé

Débit

Crédit

01/01/N+2

Solde à nouveau (solde fin N+1)

15 000

31/12/N+2

Reprise

15 000

 

Solde au 31/12/N+2

 

 

L’impact sur l’entreprise de ce litige sur l’exercice N+2 ne sera pas une charge de 18.000 € mais un coût de 18.000 – 15.000 = 3.000 €. En effet, la différence de 15.000 € a été supportée par l’exercice N qui est à l’origine du litige.