Le rapport de la Cour des comptes sur le Pacte Dutreil

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La Cour des comptes consacre son rapport public du 18 novembre 2025 au Pacte Dutreil, mécanisme central d’allègement des droits de mutation pour les transmissions d’entreprises familiales. Pour la première fois, l’institution en évalue précisément le coût, l’efficacité et la cohérence au regard de ses objectifs initiaux. Les axes d’évolution proposés sont déjà repris pour partis dans certains amendements au projet de loi de finances pour 2026.

Le rapport de la Cour des comptes sur le Pacte Dutreil
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Un dispositif attractif mais très coûteux

Le Pacte Dutreil (CGI art. 787 B) permet de bénéficier d’un abattement sur la base d’imposition des droits de mutation en cas de transmissions d’entreprises dans un cadre familial, à hauteur de 75 % de la valeur des titres transmis, sous réserve d’engagements de conservation et d’exercice de fonctions de direction. La Cour rappelle que l’avantage peut ramener le taux effectif d’imposition à moins de 5 % en cas de donation en pleine propriété avant 70 ans.

L’analyse menée, sur la base de données enrichies en partenariat avec l’IPP (l’institut des politiques publiques), révèle un coût bien supérieur aux estimations figurant dans les derniers projet de loi de finances : 5,5 milliards d’euros en 2024, contre 800 millions prévus dans le PLF 2025. L’avantage est fortement concentré. 1 % des bénéficiaires capte 65 % de la dépense, avec un gain moyen de 30 millions €. Par ailleurs, l’industrie ne représente que 23 % de l’emploi concerné, loin des objectifs de soutien au tissu productif.

Une efficacité économique limitée

La Cour constate un effet légèrement positif sur la stabilité du contrôle familial, mais aucun impact significatif sur l’investissement ou l’emploi. Les trajectoires d’entreprises transmises sous pacte sont proches de celles transmises hors dispositif, tandis que les restructurations « post-engagement » se multiplient à partir de la cinquième année. L’efficacité macroéconomique apparaît donc faible au regard du manque à gagner fiscal.

Des pistes de réforme et les premières traductions législatives

Le rapport propose deux axes :

  • recentrer le périmètre des actifs éligibles (exclusion des biens non professionnels, encadrement du family buy-out, suppression du « pacte réputé acquis »)
  • réduire l’avantage (baisse du taux, modulation selon les secteurs, dégressivité au-delà d’un seuil).

Plusieurs amendements au projet de loi de finances pour 2026 adoptés par les députés vont dans ce sens. L’amendement n°I-3523 propose ainsi d’augmenter la durée minimale de détention des actions transmises dans le cadre d’un Pacte Dutreil de 4 à 6 ans.

Source : https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-pacte-dutreil-un-dispositif-fiscal-en-forte-croissance-mieux-cibler