La Cour des comptes a rendu public ce jour, son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques. Sans mesures supplémentaires, le déficit public devrait atteindre 3,2% ...
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La Cour des comptes a rendu public ce jour, son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques. Sans mesures supplémentaires, le déficit public devrait atteindre 3,2% du PIB en 2017 au lieu des 2,8% annoncé par le précédent Gouvernement.
Période 2012 - 2016 : une réduction du déficit trop lente ¶
L'information a fuité ces derniers jours. Elle est désormais officielle. De nouvelles mesures seront indispensables en 2017 pour tenir le déficit maximum fixé par le Traité de Masstricht (3%). La Cour des comptes évoque tout d'abord la période 2012 - 2016 où la réduction du déficit a été jugée beaucoup trop lente. Entre 2013 et 2016, le déficit n'a été diminué que de 0,6 point.
Années | Déficit public (en %age du PIB) |
2017 (objectif) | -2,8% |
2016 | -3,4% |
2015 | -3,5% |
2014 | -4,0% |
2013 | -4,0% |
2012 | -4,8% |
2011 | -5,1% |
Dans la plupart des autres États membres, l'effort de réduction des déficits a été beaucoup plus intense. À l'heure actuelle, seule l'Espagne présente encore un déficit plus important en pourcentage du PIB.
En outre, même si les dépenses ont augmenté moins vite que le PIB en 2016, cette maîtrise n'est pas due essentiellement à une véritable politique d'économie, mais plutôt à la conjoncture et aux taux bas (économies constatées sur la charge d'intérêts). Des économies sont également imputables à une baisse d'investissement dans les collectivités territoriales.
La trajectoire des finances publiques 2017-2020 en danger ¶
La Cour des comptes tire la sonnette d'alarme pour la trajectoire des finances publiques 2017-2020. Initialement, le Programme de stabilité prévoyait une diminution du déficit public de 0,6 point en 2017 et de 0,5 point supplémentaire en 2018. Pour 2017, le déficit devrait selon la Cour des comptes atteindre 3,2% soit 0,4 point de plus que le l'objectif fixé. Il manquerait ainsi environ 8 milliards € pour atteindre un déficit de 2,8% et de 4 à 5 milliards pour descendre en dessous de 3%. Cet écart par rapport à l'objectif initial serait imputable "à des recettes publiques un peu surestimées et des dépenses publiques manifestement sous-évaluées, en particulier s’agissant de l’État". Plus grave encore, les magistrats mettent clairement en cause les pratiques du précédent Gouvernement : "la loi de finances pour 2017 et le Programme de stabilité contiennent ainsi d’importants facteurs d’insincérité".
Le respect de la limite de 3% de déficit ne pourra être réalisé selon la Cour, sans report ou annulation des augmentations des dépenses prévues et sans mesure d'économie supplémentaire.
Le risque pour les finances publiques sera également très présent en 2018 qui sera marqué par de nombreux facteurs d'augmentation de la dépense publique (hausse de la masse salariale des fonctionnaires compte tenu des mesures accordées en 2016, hausse des dépenses de défense et de sécurité, diminution des effets de la réforme des retraites de 2010, etc.).
Les recommandations de la Cour des comptes ¶
Les magistrats de la Cour ont assorti leur rapport de plusieurs recommandations. Ils partent du constat que le niveau de dépense de la France est plus élevé que celui de ses voisins européens sans pour autant offrir un niveau de services publics plus performant. Pour mener cet effort d'économie, la Cour des comptes conseille notamment de revoir la cohérence des différentes lois financières et des objectifs pluriannuels des dépenses et de mettre fin à la politique de rabot indifférencié au profit d'un véritable examen des missions, objectifs et résultats des politiques publiques.
Extrait Communiqué de presse de la Cour des comptes, 29 juin 2017
Le rétablissement de la situation des finances publiques, sans augmenter les prélèvements sur les entreprises ou sur les ménages, passe par une meilleure maîtrise et une plus grande efficacité de la dépense publique. Un tel effort est possible. La France se caractérise en effet par un niveau plus élevé de dépenses que ses voisins européens, sans que le contribuable ou l’usager bénéficient pour autant de services publics plus performants.
Pour y parvenir, la Cour estime nécessaire de renforcer la cohérence et la portée des différents textes financiers et de compléter les normes et outils budgétaires existants par un objectif pluriannuel de dépenses couvrant toutes les administrations publiques, voté dans la loi de programmation des finances publiques et décliné chaque année dans les lois financières (loi de finances, loi de financement de la sécurité sociale et, à terme, loi de financement des collectivités locales). Une instance du type de la conférence des finances publiques, mise en sommeil depuis quelques années, pourrait également permettre une meilleure appropriation des objectifs de politique budgétaire par les différentes parties prenantes (État, sécurité sociale, collectivités territoriales).
En s’appuyant sur les travaux réalisés au cours des dernières années, la Cour a souhaité présenter un certain nombre de leviers permettant de rendre moins coûteuses et plus efficaces les politiques publiques. Certains, s’appliquant à l’ensemble des administrations publiques, doivent permettre de réaliser des gains d’efficience qui peuvent être atteints en modifiant la manière dont est fourni un service ou mise en œuvre une politique, sans en changer la nature ni l’ampleur ; d’autres, visant des économies structurelles, peuvent conduire à réorienter ou remettre en cause une politique publique peu efficiente.
Les économies potentielles identifiées sont considérables. Certaines résultent d’une action volontariste sur les effectifs, les rémunérations, les retraites ou le temps de travail. D’autres relèvent de l’adaptation des réseaux territoriaux des administrations, des politiques immobilières, de l’optimisation des achats, d’un meilleur ciblage des dépenses fiscales et d’investissement, ou encore des progrès indispensables en matière d’administration numérique.
L’atteinte de ces objectifs nécessite de mettre fin à une politique de « rabot » indifférencié. Seul un examen régulier des missions de l’État et des politiques publiques, de leurs objectifs, de leurs résultats et des priorités à leur accorder permettra d’obtenir une amélioration de leur efficacité.
https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-situation-et-les-perspectives-des-finances-publiques-0
La Cour des comptes rend public son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques, incluant l’audit des finances publiques demandé par le Premier ministre. En dépit des efforts engagés, la situation des finances publiques de la France est loin d’être assainie. La lenteur de la réduction du déficit public de 2012 à 2016 place aujourd’hui notre pays dans une situation en décalage par rapport à nos partenaires européens. La trajectoire financière 2017-2020 présente de nombreux biais de construction qui affectent sa sincérité et elle ne paraît pas pouvoir être respectée. En 2017, sans mesures fortes de redressement, le déficit public dépasserait l’objectif de 0,4 point de PIB, pour atteindre 3,2 points de PIB ; en 2018 et au-delà, un effort d’économies sans précédent serait nécessaire pour respecter la trajectoire du Programme de stabilité. La Cour recommande de revoir les méthodes de programmation et de pilotage des finances publiques. Elle identifie en outre les leviers d’action pouvant être mobilisés pour maîtriser durablement l’évolution de nos dépenses publiques. De 2012 à 2016, une réduction lente des déficits, plaçant la France en décalage avec ses partenaires européens Des risques forts sur la trajectoire des finances publiques 2017-2020 Des méthodes à renouveler en vue d’une maîtrise durable des dépenses publiques Des leviers d’action pour améliorer l’efficience des dépenses publiques De 2012 à 2016, une réduction lente des déficits, plaçant la France en décalage avec ses partenaires européens En 2016, le déficit public a atteint 3,4 points de PIB, en réduction de seulement 0,2 point par rapport à 2015, contre 0,3 point en moyenne annuelle sur la période 2011-2015. Si les dépenses ont crû un peu moins vite que le PIB en 2016, cette évolution provient, pour une part importante, d’économies constatées sur la charge d’intérêts et d’une baisse des dépenses d’investissement en partie imputable au cycle électoral communal. La France présente une situation de ses finances publiques dégradée par rapport aux autres pays de l’Union européenne, seule l’Espagne conservant un déficit plus élevé. La dépense publique a d’ailleurs nettement plus augmenté entre 2011 et 2016 en France que chez ses principaux voisins. Et alors qu’elle était d’un niveau comparable avant la crise économique de 2008, la dette publique française est désormais supérieure de 30 points de PIB à la dette allemande. Des risques forts sur la trajectoire des finances publiques 2017-2020 La cible de déficit public pour 2017 (2,7 points de PIB selon la LFI, relevée à 2,8 points par le Programme de stabilité) semble aujourd’hui hors d’atteinte et pourrait être dépassée de 0,4 point. Des recettes publiques un peu surestimées et des dépenses publiques manifestement sous-évaluées, en particulier s’agissant de l’État, expliquent l’essentiel de cet écart. La loi de finances pour 2017 et le Programme de stabilité contiennent ainsi d’importants facteurs d’insincérité. Ramener en 2017 le déficit sous la barre des 3 points de PIB fixée par les traités européens suppose de reporter ou annuler toutes les mesures d’accroissement de dépenses publiques non encore mises en œuvre, et de prendre des mesures d’économies supplémentaires portant sur toutes les administrations publiques. Atteindre en 2018 l’objectif de réduction du déficit de 0,5 point de PIB impose de stabiliser les dépenses en volume, alors qu’elles ont progressé de +0,9 % par an entre 2011 et 2016. Avec ce rythme de croissance des dépenses en 2018, le déficit serait simplement stabilisé. L’équation budgétaire est d’autant plus complexe à résoudre que l’exercice 2018 est caractérisé par de nombreux facteurs d’augmentation de la dépense publique : croissance de la masse salariale publique sous l’effet notamment des mesures salariales accordées en 2016 et de l’augmentation des effectifs, progression des dépenses de défense et de sécurité, grands travaux d’infrastructure, atténuation des effets de la réforme des retraites de 2010, reprise de l’investissement local... Des méthodes à renouveler en vue d’une maîtrise durable des dépenses publiques Le rétablissement de la situation des finances publiques, sans augmenter les prélèvements sur les entreprises ou sur les ménages, passe par une meilleure maîtrise et une plus grande efficacité de la dépense publique. Un tel effort est possible. La France se caractérise en effet par un niveau plus élevé de dépenses que ses voisins européens, sans que le contribuable ou l’usager bénéficient pour autant de services publics plus performants. Pour y parvenir, la Cour estime nécessaire de renforcer la cohérence et la portée des différents textes financiers et de compléter les normes et outils budgétaires existants par un objectif pluriannuel de dépenses couvrant toutes les administrations publiques, voté dans la loi de programmation des finances publiques et décliné chaque année dans les lois financières (loi de finances, loi de financement de la sécurité sociale et, à terme, loi de financement des collectivités locales). Une instance du type de la conférence des finances publiques, mise en sommeil depuis quelques années, pourrait également permettre une meilleure appropriation des objectifs de politique budgétaire par les différentes parties prenantes (État, sécurité sociale, collectivités territoriales). Des leviers d’action pour améliorer l’efficience des dépenses publiques En s’appuyant sur les travaux réalisés au cours des dernières années, la Cour a souhaité présenter un certain nombre de leviers permettant de rendre moins coûteuses et plus efficaces les politiques publiques. Certains, s’appliquant à l’ensemble des administrations publiques, doivent permettre de réaliser des gains d’efficience qui peuvent être atteints en modifiant la manière dont est fourni un service ou mise en œuvre une politique, sans en changer la nature ni l’ampleur ; d’autres, visant des économies structurelles, peuvent conduire à réorienter ou remettre en cause une politique publique peu efficiente. Les économies potentielles identifiées sont considérables. Certaines résultent d’une action volontariste sur les effectifs, les rémunérations, les retraites ou le temps de travail. D’autres relèvent de l’adaptation des réseaux territoriaux des administrations, des politiques immobilières, de l’optimisation des achats, d’un meilleur ciblage des dépenses fiscales et d’investissement, ou encore des progrès indispensables en matière d’administration numérique. L’atteinte de ces objectifs nécessite de mettre fin à une politique de « rabot » indifférencié. Seul un examen régulier des missions de l’État et des politiques publiques, de leurs objectifs, de leurs résultats et des priorités à leur accorder permettra d’obtenir une amélioration de leur efficacité.